•  

    Depuis trente-cinq ans, l’organiste malien est de toutes les aventures musicales, du jazz aux musiques d’Afrique, d’Inde, en passant par le groove international ou la pop française et le hip hop. Vétéran du légendaire Rail Band du Buffet Hôtel de la Gare de Bamako, pionnier du Moog en Afrique de l’Ouest, membre fondateur des Asselars, il devient un pilier de la fertile scène ivoirienne de la fin des années 1970. Il s’installe finalement à Paris en 1985, en pleine explosion des musiques africaines, où il se fait rapidement connaître comme l’un des plus valeureux musiciens de session et de live de sa génération. S’il ne remporte pas le succès immédiat d’un Mory Kanté ou d’un Salif Keita, son travail s’inscrit dans la durée. Depuis de nombreuses années, les mélomanes apprécient son parcours. Qu’on le croise aux côtés d’Hank Jones, d’Ornette Coleman, de Living Colour, de Salif Keita, d’Amadou & Mariam, Dee Dee Bridgewater ou Joe Zawinul, sa touche personnelle, nourrie des vibrations de musiques noires américaines, fait toujours la différence. Pivot de la scène musicale malienne contemporaine, il vient de produire et d’arranger de nouveaux disques attendus, comme ceux d’Oumou Sangaré, de Kassé Mady Diabaté et de Sory Bamba, que l’on croise sur son nouvel album. Salut hip-hop, boubou immaculé, grand sourire et portable à l’oreille, on finit forcément par croiser Cheick Tidiane Seck dans les nuits de Bamako, où il se produit souvent lorsqu’il ne peaufine pas son disque ou réalise ceux de ses collègues. "Sabaly" a longtemps mûri à Bamako, entre le studio Bogolan et celui de Oumar Diallo dit "Barou Bleny", le bassiste d’Afel Bocoum. D’Oumou Sangaré à Toumani Diabaté, d’Amadou & Mariam à Bassekou Kouyaté, de Kassé Mady Diabaté à Habib Koité, de Kaniba Woulé à Mangala Camara, de Djélimady Tounkara à Baba Salah et Petit Adama, entre autres, la plupart des grandes vedettes maliennes ont participé à ce nouvel opus, sans parler de ses amis Manu Dibango, Dee Dee Bridgewater, Guy Nsangué ou Paco Séry... Loin de peser sur le disque, ces featurings forment un ensemble redoutablement cohérent. Cheick chante, joue de la guitare, du piano et de la calebasse sur Oh, Lord !, un titre qui évoque l’absurdité des guerres fratricides, notamment le conflit ivoirien. Il a écrit ce morceau à « Versailles », la maison d’Amadou & Mariam située non loin de l’aéroport de Bamako-Sénou, alors qu’il attendait un avion hypothétique pour se rendre à Abidjan, Cheick renoue avec la tradition folklorique de son enfance, qu’il passa à Sikasso, royaume sénoufo, lui, le natif de Ségou, capitale du pays bambara. Sibalan Koné est un hommage à un grand chasseur bambara sur un rythme typique de Ségou. On entend ici les sonorités du bara, un grand tambour cérémoniel. Amadou Bagayoko et Habib Koité jouent chacun de la guitare, qui se marie parfaitement aux touches d’orgue de Cheick. Le superbe Mougoutari est un autre hommage à un grand chasseur malinké, célèbre, craint et respecté des animaux. Ancré dans la tradition, ce titre illustre un mouvement moderne et syncopé dans le bon sens du terme. En roue libre, la kora de Toumani et la guitare de Djélimady accentuent sa beauté immédiate. On entend toutes les couleurs du Nord du Mali sur Mali bero, un morceau songhaï qui signifie « Grand Mali », un titre qu’il jouait déjà en version instrumentale à l’époque du Rail Band. Afel Bocoum ajoute ici une mélodie nouvelle. Le morceau est plus réarrangé que modernisé. Neben’ makoum a été écrit avant un déplacement au Togo où il était invité par Souleymane Koly à diriger la partie musicale d’un spectacle pour la paix entre les ethnies, qui retraçait l’histoire du pays, avec trois cents musiciens ! « J’ai juste pris ma guitare et j’ai commencé à chanter le titre en compagnie de Awa Sangho » glisse-t-il, modestement. Cette chanson lui ressemble, pleine d’âme et exubérante. Porté par des chœurs sensuels et une incursion ragga, Bakoromba évoque l’enfance. Il s’agit d’une cérémonie spéciale pour les enfants, similaire à Halloween, où l’on se tatoue tout le corps avec de la craie et du charbon et où l’on fait du porte à porte, en quête de friandises, en chantant cette mélodie. Titre le plus émouvant de l’album, Toungaranké signifie « Les immigrés ». Cheick a composé le titre à New York en hommage à son percussionniste Daniel Moreno, avec un clin d’œil à la détresse des jeunes immigrés africains à Ceuta et Melilia. Le morceau est dédié aux immigrés de tout pays, qui n’acceptent pas d’être mal traités. Le texte est sublimé par les grandes voix mandingues, Kaniba Woulé, Fantani Touré, Mariatou Diabaté, Mangala Camara. Sabaly est un titre composé dans la période des Asselars, qui appelle à la tolérance et au pardon. On y retrouve toute la nouvelle garde des musiciens maliens. Le kamelengoni de Benogo Diakité et Yoro Diallo illuminent le morceau de leur présence, ainsi que Petit Adama, la jeune vedette malienne du djembé. Le chant d’Oumou est limpide, souligné par des touches délicates de Fender Rhodes. Chanté par le grand griot national Kassé Mady Diabaté, Kobenatuma est peut-être l’un des titres les plus personnels de Cheick. Il définit à merveille son univers musical, ses rencontres et ses voyages. Ainsi que son écriture particulière pour les rythmes dumdumba. Morceau dédié à l’Afrique, Bisso (na bisso) signifie « tous frères » en lingala, la langue véhiculaire congolaise. Il s’agit d’un titre de Manu Dibango composé en I967, sur lequel Cheick a fait ses premières armes et qu’il a réarrangé en hommage à l’aîné. Le chant de Dee Dee Bridgewater et les choeurs de Fafa Ruffino et Myriam Béti, en fait le titre le plus cosmopolite de l’album, avec Mao Otayeck et sa wah wah funky. Paco Sery à la batterie et Guy Nsangue à la basse, concoctent une rythmique langoureuse alors que Cheick s’en donne à cœur joie avec son orgue Hammond-B3, qui rappelle que Jimmy Smith fut sa première influence. Nitara Bamako (« Quand tu vas à Bamako ») est un hymne à Bamako, composé dans l’esprit des années ayant suivi l’indépendance, dédié à Baba Bary, qui en est le chanteur et compositeur. Deli magni (« habitude ») est un hommage à Batourou Sékou Kouyaté et Sidiki Diabaté, les deux grands maîtres de la kora moderne. « A l’époque du Rail Band, je jouais également avec L’Ensemble Instrumental. J’ai essayé de retrouver l’énergie de Sidiki Diabaté, le père de Toumani, dans mon jeu de piano. Je voulais aussi avoir une basse acoustique et une calebasse. J’ai demandé à Mangala de chanter que la monotonie vient de l’accoutumance, avec les sentiments que cela peut apporter. Quand on devient très habitué à quelqu’un, la souffrance est grande ». Au départ, ce titre ne devait être qu’un duo avec le maître actuel de la kora, Toumani Diabaté.
    permalink


    Note :

    votre commentaire
  •    

    Retour aux sources pour Rodrigo y Gabriela. Pour donner naissance à ce quatrième album studio, ayant la lourde tâche de succéder à un très réussi album éponyme, ils sont en effet retournés au Mexique, leur pays natal.

    Ce quatrième album est aussi prétexte à retourner à leurs premier amour… Le metal. Leurs débuts, ils les font au sein de Terra Acida, groupe de heavy metal officiant dans les clubs de Mexico. Pour cet album, ils embauchent Colin Richardson derrière les potards, maître du son de Slipknot, Trivium ou de Cradle of Filth.

    Dès les premiers accords de Hanhuman, le ton est donné : ça joue très fort et très vite, le son claque, résonne, détonne sous les coups de boutoirs percussifs des deux guitaristes. La pression ne se relâche pas et on s’aperçoit que les deux mexicains sont encore meilleurs que précédemment… L’alliance entre percussivité rauque et dense et mélodie quasi-instantanée est parfaite, et Buster Voodoo, en hommage à Hendrix, est ébouriffante d’aisance et de classe. La troisième piste – Triveni – en est un autre exemple, car de rythmiques quasi-tribales et métalliques, on passe sans coup férir à des ambiances plus douces, beaucoup plus mélodiques, où le Oud s’invite dans ce morceau en hommage au trio Israélien Joubran.

    En effet, conçu comme un véritable album hommage, 11:11 fait donc le pont entre le metal abrasif de leurs débuts et une palette d’influence qui se veut de plus en plus large et à laquelle Rodrigo y Gabriela font la part belle. En effet chaque morceau est un tribute à une de leurs multiples influences, qui vont de Dimebag Darrell (Pantera) à Pink Floyd, en passant par leur compatriote Santana, Hendrix, ou Paco de Lucia.

    Grande nouveauté pour cet album, les deux mexicains intègrent dans leur travail de nombreux instruments, complexifient les instrumentations, épaississent leurs compositions et plus grande nouveauté encore, font appel à la guitare électrique. Très présente sur certains titres, elles décevra les puristes qui voyaient dans les deux mexicains les nouveaux apôtres de l’acoustique, mais ravira tous les autres.

    C’est sûr, on reprochera à Rodrigo y Gabriela de produire une musique un peu cliché, qui cherche peut-être trop à s’enfermer dans le carcan de ceux qui tiennent un concept et qui ne veulent pas y déroger, quitte à y sacrifier la qualité. On peut considérer que ce quatrième album est une preuve de plus que le groupe tourne un peu en rond, en usant et abusant des mêmes ficelles musicales, jusqu’à lasser, et l’argument serait très recevable. Il est vrai qu’au bout de quelques écoutes, certains titres paraissent plus faibles que les autres (Master Maqui, Savitri…), et qu’on a un peu envie au choix, de maudire celui qui a inventé la guitare acoustique, ou de crier « Aïe Caramba, calienteee ! » dès que quelqu’un nous adresse la parole.

    Néanmoins, 11:11 est un album solide, très plaisant et offrant à nouveau un écrin de choix au talent monstre des deux mexicains, démontrant que génie instrumental ne rime pas forcément avec piètre qualité musicale.

     



    Note :

    3 commentaires


  • Nous sommes toujours au Sénégal à la fin des années 70. Il n'y a pas qu'à Dakar que les musiciens explorent de nouvelles directions et définissent les bases de ce qui deviendra "Le Mbalax". Ainsi verront le jour, des groupes comme Le Canari de Kaolack, l'U.C.A.S Jazz Band de Sedhiou et en ce qui nous concerne aujourd'hui Le Royal Band de Thiès.

    Thiès est une ville étrange, développée rapidement par les Français, parce qu'à la croisée des 2 lignes de chemins de fer reliant Dakar, à Saint Louis d'une part et à Bamako de l'autre. Thiès est vite devenue la seconde ville du pays. Il en résulte encore de nos jours une ambiance bizarre, mélangeant le bouillonnement propre à toutes grosses villes africaines avec une certaine nonchalance souvent présente dans ces anciennes cités coloniales.

    Regroupé autour du chanteur Adema Secka et du timbaliste/chef d'orchestre Modou Sarr, le Royal Band se produisait régulièrement au Sangomar, la boite de nuit d'un technicien nommé Moussa Diallo véritable petit géni qui à l'aide de ses deux micros toujours bien placés a enregistré la plupart des groupes de l'époque et est quasiment le dépositaire de ce son si particulier.

    De nos jours, je pense que Le Sangomar n'existe plus, le train ne va plus jusqu'à Saint Louis et Adema Secka sort épisodiquement des cassettes sur le marché local sous le nom de Secka et Le Royal Band de Thiès.

    permalink

     




    Note :

    votre commentaire




  • La Panika fait partie des quinze formations de la compagnie du Tire-laine, un des collectifs emblématiques de la région lilloise où s’entremêlent musiques tsiganes, klezmers et autres swings manouches. Fanfare mais pas que, la Panika est le fruit de mille rencontres, mille tumultes, mille folies, mille péripéties... Benito BLANCQUAERT, chef de file et saxophoniste époustouflant de la formation, rencontre en 1996 Arnaud VAN LANCKER (Nono), directeur artistique et fondateur de la Compagnie du Tire-laine. Les projets fusent. Il joue dans « Sergan le Rom » puis avec les musiciens du Taraf Borzo, notamment en compagnie de Jean-Pierre LIETAR, trompettiste émérite avec qui il se lance dans une tournée inoubliable au cours de laquelle il croise le grand maître clarinettiste bulgare Yvo PAPASOV ou encore Mladen MALAKOV. En 2001, Benito découvre dans les rues de Gand l’accordéoniste Pesho ELMAZOV un rom de Bulgarie, et c’est le coup de foudre. Des rencontres qui ont scellé le destin de la Panika, celle de Pesho ELMAZOV, Jean-Pierre LIETAR et Benito BLANCQUAERT en fait bien évidemment partie. C’est le début d’une amitié fraternelle. L’âme de la PANIKA est née, une fanfare « bulgaro-franco-belge ». Avec les « gros », Vincent HOUZIAUX, Christian LAISNE, Antoine MARÉCHAL (tubas), Gaspard VANARDOIS (banjoïste du Taraf Dékalé et guitariste du Taraf Borzo) et Théophile DEMARCQ (percussioniste de Swing Gadjé et du Taraf Dékalé), la Panika est devenue une fanfare incontournable des musiques tsiganes des Balkans, fortement influencée par les musiques roms de la mer Noire. Le groupe compte à présent plus de 150 déambulations et concerts, et confirme ainsi sa dimension européenne. Plus récemment, Apaz DEMIR SEVGILIM (clarinette) et Mitko CHAKAROV (trompette), deux musiciens hors pair, descendants directs de la lignée des grandes familles de musiciens roms qui perpétuent depuis des siècles, génération après génération, leur répertoire dans la région de Shumen en Bulgarie, apportent à la Panika ce souffle unique et incroyablement tsigane !
    permalink



    Note :

    votre commentaire
  •  


    Éste podría ser fácilmente de esos álbumes que incentivan los últimos movimientos suaves después de una ardua noche de copas. Esos bailes lentos en medio del ritmo oscuro de las tabernas madrileñas. La melodía envuelve, relaja e invita a caer en el trance de la guitarra y una voz acogedora.

    “Depedro”, también conocido como Jairo Zavala, ha desarrollado su carrera como músico de sesión acompañando a grupos como “Amparanoia” y “Calexico”. Fue esta última banda, reconocida como una gran exponente de la música mestiza e independiente mundial, la que colaboró en el disco de Zavala, grabado en Tucson, Arizona.

    El guitarrista madrileño de voz carrasposa entrega una variedad de estilos en las 11 canciones del disco. En varios temas  se ve una propuesta instrumental que confirma la idea de representar la música americana y latina. A ratos muchas canciones y melodías se acercan de buena manera al trabajo de Pau Donés de Jarabe de Palo.

    Las sensaciones se entrecruzan en este disco tanto como la guitarra con el piano y el ritmo del bajo. El disco abre con la canción “Como el viento”.  La melodía sube de intensidad lentamente, llegando a un coro pegajoso, muy representativo de las canciones de Zavala. La letra en este tema es de esas fáciles de aprender. No extraña, después de escucharla, andar por la calle recordando a “Depedro”.

    Dentro de las canciones destaca “Don't leave me now”. Con una introducción plagada de instrumentos conjugando un sonido potente, la letra suma al estado de ánimo que lleva el disco, un paseo por el ritmo del trasnoche, el desamor y sus consecuencias.  
    -- Jaime Villarreal Izquierdo
    permalink

    Note :

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique