• Wu-Tang Clan - 8 diagrams

     



    On a fait, à tort, assez peu de cas de ce côté-ci de l'Atlantique de la dernière livraison du Wu Tang Clan. 8 Diagrams est vraisemblablement, et sur ce qu'on a pu en lire, l'ultime production qui pourra se prévaloir d'une réunion des membres originaux du meilleur groupe de rap de ces dix dernières années, combo qui, après le décès d'Ol' Dirty Bastard, est à la fois menacé d'éclatement et miné par les dissensions entre ses membres. Trop de business diront certains, trop d'ambitions personnelles et d'ego diront les autres. Ainsi tout le monde chante sur 8 Diagrams, même si personne ne s'écoute. On n'est pas chez Pow Wow après tout à se tirer des canons en se tenant la main. Comme aux meilleures heures du clan, il appartient au producteur, arrangeur en chef, RZA de tenir la boutique et de lier la sauce. Sans être un album étincelant, 8 Diagrams est suffisamment riche et diversifié pour ravir les amateurs et les spécialistes. Le travail de production, bien que discret et délibérément "low profile", est tout bonnement époustouflant réussissant à donner une cohérence et une densité à ce qui, partout ailleurs, aurait ressemblé à une collection disparate de titres. 8 Diagrams, et c'est son seul défaut, bouffe un peu à tous les râteliers. C'est un album qui n'est ni tout noir (on aurait préféré plus d'agressivité parfois), ni vraiment tout rose, un album parfois expérimental, curieux (cet étrange "The Heart Gently Weeps" piqué à George Harrison), foireux (le rnb de "Gun Will Go") mais toujours surprenant. L'affaire démarre low tempo avec un "Campfire" crépusculaire et qui met en évidence ce que sera l'album : le brillant T.P d'un RZA qui n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour épater. La production est aussi solide que discrète : un extrait de film, quelques interludes bien choisis, une rythmique martiale et toute en basse, des flows bien posés et qui devient rarement de leur feuille de route. On scratche un peu sur "Take It Back", on mâchonne son rap sur le très old school "Get Them Out of Ya Way" avant de revisiter le thème de Ghost Dog sur un "Rushing Elephants" à diffuser dans toutes les écoles de rap. Quelques titres ronronnent autour des thèmes de prédilection du Wu : l'esprit de corps, la spiritualité, la morale ("call me a dreamer, i'm just trying to raise my kids" en ouverture), les pétarades ("it's a cold, cold world, i got my gun all the time" sur "Stick Me for My Riches") sans qu'on s'ennuie jamais. Les titres les plus anodins ("Windmill", "Weak Spot") ne sont jamais rasoirs. Le niveau s'élève encore à quelques reprises. George Clinton envoie dans une ambiance de far west galactique un "Wolves" de 4 minutes qui constitue le titre le plus impressionnant du lot. "Life Changes" en 7 minutes et quelques se pose comme une grande chanson d'émotion où s'expriment à la fois la nostalgie pour la solidarité d'antan et les accrocs d'un présent plus compliqué qu'il n'y paraît. Un bel hommage au disparu ("16th chamber odb special") vient terminer en une séquence loufoque, débridée et un poil ragga (on se croirait chez De La Soul) une réunion qui ressemble aux fêtes glorieuses qu'on donnait jadis pour les enterrements. Personne ne s'amuse vraiment. Tout le monde a envie d'être ailleurs mais chacun tient sa place, habilement et suffisamment bien pour qu'on ait envie de prolonger l'instant. 8 Diagrams est assez bon pour rendre jaloux ceux qui n'ont jamais fait partie du clan.
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  • Commentaires

    1
    Lundi 7 Juin 2010 à 14:38
    DJ DemonAngel

    Re UP ! take that

    See you sound

    2
    LeGoBi
    Mardi 1er Février 2011 à 11:44
    LeGoBi

    Salut

    comment fait-on pour downloader ce superbe album ??!!

     

    Thx

    3
    LeGoBi
    Mardi 1er Février 2011 à 11:44
    LeGoBi

    Super !!!!!!!

    T'es un chef !

    Merci.

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