• Union Jack - Tales Of Urban Freedom


     
    Contexte : 12 ans. Il aura fallu attendre 12 longues années pour qu’Union Jack livre son premier album. Après avoir fait leurs armes sur des compilations, un EP et un split avec The Gerbs, les voilà qui s’attaquent au long format. Autant dire qu’ils ont eu le temps de se faire les crocs, et que "Tales Of Urban Freedom" est une sacrée morsure aux couilles !

    Chronique :
     Pourtant le choc n’est pas aussi incisif, aussi sauvage et rageux que celui auquel on s’attendait. Longtemps (et toujours) estampillés comme les petits cousins français de Leftöver Crack, les trois Val-d’Oisiens ont pris le temps (c’est le cas de le dire) de développer ce qu’ils ont baptisé le bad ska. Finies les chansons avec 3 accords qui foncent dans le tas. Les contours sont mieux définis, les arrangements particulièrement soignés, avec le rajout de piano et de scratches sur l’album. D’ailleurs la pochette semble là pour annoncer la couleur, avec ces jolis pétales blancs et violets, alors que l’on aurait pu s’attendre à une illustration en noir et blanc montrant un flic en train d’enculer un cochon… ou du genre.. L’intro très classieuse vient tout de suite installer l’ambiance, avec des répliques du film "Into The Wild" de Sean Penn posées sur une bande sonore bénéficiant de scratches, et annonçant l’arrivée de la bête : "U...U... Union Jack". Et quand la bête est lâchée, elle déboule avec la verve d’un pitbull. Les voix hargneuses de Ben (basse-chant) et Tom (guitare-chant) se répondent sur "Some Hope", se font complémentaires et instaurent un dialogue qui va durer tout l’album. Les rythmes se succèdent, se cassent et se refont. Les parties mélodiques suivent les gimmicks ska et les lignes de basses plus funky que cette cruche de Miss Dominique, comme sur la terrible "Stinky Cities". Les morceaux sont imprévisibles, et peuvent du coup décontenancer l’auditeur à la première écoute. Seuls les couplets façon ska restent en terrain connu, et pourraient paraître redondants s’ils ne côtoyaient pas une multitude de riffs originaux et de refrains taillés pour le sing along. Cette ritournelle musicale correspond d’ailleurs au cahier des charges de ce genre de formation, de même que ce fameux "Fuck The Pigs" scandé sur "No Justice No Peace", un titre que les plus tatillons rapprocheront du fameux "No Gods No Managers". Mais Union Jack assume totalement ses influences, comme le prouve l’excellent "And The Angels Sink", que la bande à Stza n’aurait pas renié, et qui demeure le titre le plus proche de la formation new-yorkaise. Car pour le reste, l’ensemble ne manque aucunement d’originalité. "Life Is Peachy" risque bien de faire claquer des mains, avec ses claviers sur les refrains et ses lignes de chant qui lui confèrent une approche résolument plus optimiste que le reste de l’album. Enfin optimiste, musicalement parlant... Car au niveau des textes, Union Jack est un groupe qui pointe toutes les choses qui peuvent déranger dans la société actuelle. Et il y a bien de quoi faire un album, et même un paquet d’autres, mais bon, comme il leur a fallu 12 ans pour faire 12 chansons, on va attendre un peu pour la suite... En tout cas prendre leur temps leur a permis de mettre une implication maximale tant dans la musique que dans les textes. La preuve avec LA tuerie du disque, "The 13 Ways", doigt d’honneur fait aux sectes officielles. Morceau choisi : "The christian nations were built on a fiction / A bible-based story of resurrection / Indoctrination of the population is the best way to control a civilization". Le fond est là, et la forme n’est pas en reste, avec une rythmique catchy à souhait, une nouvelle démonstration de complémentarité au niveau des voix, et un refrain qui évolue en 3 étapes dans un crescendo mélodique à faire gémir la plus frigide des nonnes. Et en cadeau bonus, un featuring de premier choix avec la présence de Tim Armstrong. Ah non, on dirait que c’est l’homme au chapeau, mais apparemment il ne s’agirait "que" de Jay-Z, qui a bien entendu gentiment accepté de venir chanter avec le combo du 95. Il est sympa quand même, Mr.Beyonce. C’est aussi là la force d’Union Jack : un bon brassage (normal quand son label s’appelle Beer Records) de toutes les musiques que la bande affectionne pour créer la sienne. On passe donc sans sourciller du hip-hop (la fin de "Anti-Specism") aux hommages aux Clash. Direct, comme la reprise d’un "Guns Of Brixton" revisité en mode multivitaminé en piste cachée, ou indirect, avec l’intro grandiloquente de "Wounds & Scars", nouvelle petite perle dont on ne cessera de se délecter au fil des écoutes. "Tales Of Urban Freedom" est un peu comme le dépucelage. On l’a attendu pendant 12 ans (oui je suis précoce), et le premier rapport est rempli de découvertes et de petites surprises. Mais on a envie de tout assimiler et maîtriser, de comprendre comment ça fonctionne pour en profiter pleinement. Alors on y retourne, encore et encore, quitte à y passer des heures et en ressortir tout transpirant. Et finalement, on s’y sent comme chez soi, et on y prend beaucoup, beaucoup de plaisir…
    Rédacteur : Seb-O-Matic
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