• Sepultura - Roots

     



    L’évolution de Sepultura s’est faite par touches successives. Si Beneath The Remains comportaient tous les éléments d’un thrash aux relents death metal, si Max Cavalera arborait sur la pochette d’Arise son premier tatouage ethnique, Chaos AD regorgeait de paroles plus politiques, de symboles indiens et le groupe osait avec l’acoustique kaiowas (du nom d’une tribu aborigène de la forêt brésilienne) proposer une musique à consonance totalement originale pour un groupe de metal. Roots brise toutes les barrières et nous plonge dans un univers des plus dépaysants. Chants tribaux, percussions latines et instruments traditionnels (berimbau, djembe…) sont présents tout au long des 70 minutes qui composent ce disque. Le célèbre percussionniste Carlinhos Brown (qui profitera des efforts fournis lors de l’enregistrement pour gagner encore en notoriété) accompagne nos quatre chevelus sur certains titres afin de gonfler une section rythmique aux accents particulièrement tribaux, délaissant par là même les rythmes typiquement thrash ou death metal. Ce couple batterie-percussions est impressionnant d’efficacité et de justesse et justifie à lui seul l’achat de l’album (écoutez l’exemplaire ratamahatta). Le son des guitares est extrêmement lourd et grave (Andreas Kisser et Max Cavalera sont accordés deux tons et demi plus bas que le classique la à 440 hz !). La voix du même Max résonne toujours dans un registre thrash death avec quelques incursions plus typées indus (utilisation de la saturation du micro de chant sur straighthate par exemple). Les riffs sont désormais extrêmement loin des slayerismes des premiers albums et lorgnent délicatement vers un néo metal encore en gestation. Nos compères auront certainement beaucoup écouté le premier album éponyme de Korn et en auront tiré quelques leçons. Les dix premiers titres s’enchaînent sans réel temps mort et l’auditeur sortira de ce magma sonore à bout de souffle. Le pachydermique look away avec Mike Patton (toujours dans le bons coups) et Jonathan Davis en guest stars est une épreuve olympique à lui tout seul. Heureusement, l’acoustique et tribal (le maître mot de l’album) jasco arrive à point nommé pour nous éviter l’asphyxie, suivi d’un itsàri basé sur les chœurs des indiens Xavantes (un peu de culture national geographic, toujours utile dans les dîners). La suite nous impose encore un travail pulmonaire malgré tout plus supportable. Si à de rares moments, l’aspect tribal semble un peu forcé et prend le dessus au dépens de la musique à proprement dite, ce léger défaut permet néanmoins quelques bouffées d’air vitales à l’écoute de ce monument produit de façon magistrale par Ross Robinson (producteur de Korn, tiens donc). Je viens de pointer du doigt le seul réel problème de la galette, son manque d’aération qui rebutera peut-être les plus chastes oreilles. Ce Roots influencera nombre de musiciens, que ce soient les nu metalleux de Slipknot ou encore Obituary et permettra à Sepultura d’accéder à une réputation planétaire (et à des ventes d’albums en conséquence). Le pari était risqué, le pari est réussi. Sepultura comporte désormais dans son back catalogue un album référence qui a sa place au panthéon du metal.
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