• J.Period, K’naan font preuve de largesse à travers un hommage à Fela et les deux Bobs K’naan n’a pas peur de la confrontation et il le prouve en accolant son phrasé pacifiquement métronomique sur à des monstres tels que Fela, Bob Dylan ou Bob Marley. Épaulé par le producteur J.Period, il excelle à un jeu dans lequel il a déjà démontré à plusieurs reprises son habileté. Les trois titres présente un aperçu du projet de remixes lancé par le MC et le producteur pour rendre hommage à ses trois figures légendaires, dont l’influence artistique a permis l’ouverture de nouveaux champs musicaux. Après une distribution ponctuelle de singles sur le site de The Messengers, l’album sera disponible dans son intégralité le 22 septembre. Parallèlement à ces collaborations avec Mary J.Blige, The Roots ou Kanye West, J.Period est souvent mandaté pour la sonorisation de film ou des campagnes de marketing. C’est certainement cette assise financière qui lui permet d’être très généreux en matière de mixtapes. Il s’était récemment déjà pour ses remixes de Q-Tip qui sont également accessible en téléchargement gratuit sur son site. Sur, Belly Full, l’hommage à Bob Marley, on retrouve également Bajah. Un rapper originaire du Sierra Leone, actuellement résidant à New York, dont la mixtape “Kings of Salone” est également disponible en téléchargement gratuit.

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    Voilà peut-être l’album qui va relancer le hip-hop britannique, qui à quelques exceptions près (Roots Manuva, The Streets...), n’est pas dans la période la plus prolifique, ni la plus faste de son histoire. A 26 ans, Speech Debelle livre un premier disque en forme de journal intime qui détonne fortement dans l’univers égotrippé et bling-bling du hip-hop. Et s’il est rare de parler d’humilité et de douceur au sujet d’un artiste du genre, la rappeuse de South London mérite largement ces qualificatifs. Dès les premières notes de guitare acoustique de “Searching”, il ne fait aucun doute que nous tenons là un album particulièrement atypique. Il faut chercher du côté de Roots Manuva (présent sur “Wheels In Motion”) ou The Herbaliser pour trouver des albums comparables - et encore ! Des instrus très travaillés, sans aucun sample, des ambiances variant de la pop au jazz en passant par le dub, beaucoup de cuivres et de cordes : l’Australien Wayne Lotek a fourni à la jeune femme l’écrin parfait pour ses textes à fleur de peau et son flow léger et articulé. Le piano électrique et les touches d’orgue de “Daddy’s Little Girl” accentuent encore la force émotionnelle de ce titre où Speech Debelle évoque la douloureuse absence de son père. L’un des morceaux les plus poignants reste “Finish This Album”, qui fut le premier à être présenté à Big Dada avant signature. Elle y raconte, avec une sincérité désarmante, ses années de lutte pour faire produire Speech Therapy. Mais les tracks les plus marquants, musicalement parlant, restent “The Key”, “Searching” et “Spinnin’”. Le premier, qui fait office de single, est une énorme bombe jazzy au parfum légèrement old-school, à laquelle clarinettes et contrebasse confèrent une atmosphère unique. “Searching”, qui ouvre l’album, mêle relents folk et beat saccadé, piano et cymbales pour un rendu ultra-intimiste, comme si la rappeuse nous chuchotait à l’oreille. Enfin, la “hip-pop song” “Spinnin’” (produit par Mike Lindsay de Tunng) se distingue par son refrain jubilatoire, entonné par un choeur enfantin - impossible de se l’enlever de la tête pendant des jours ! Signalons également la présence de Micachu, la valeur montante de la pop lo-fi, sur le très mélancolique “Better Days”. Quelques titres sont un peu en dessous du lot (“Bad Boy”, “Buddy Love”), mais globalement Speech Therapy est un très solide premier album, et Speech Debelle une magnifique découverte. En bref : un premier essai hip-hop profondément atypique, flirtant avec la pop et le jazz, de la part d’une jeune britannique promise à un brillant avenir.
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    Un album de la Rumeur s'apprécie en replaçant ce dernier dans le contexte (politique et social) et dans la perspective de leurs albums précédents. Le premier, l'excellent et indispensable "L'ombre sur la mesure" répondait enfin au buzz crée par les maxis sortis par les membres du groupe. Le deuxième, le plus énervé et moins réfléchi mais non dénué d'intérêt "Regain de tension" faisait écho à leurs mésaventures judiciaires. Ce dernier album "Du cour à l'outrage", emprunte à l'un et à l'autre. Attention: amateur de bling bling et de rap tape à l'oil, passez votre chemin. Car s'il est une chose qu'on ne peut reprocher à la Rumeur c'est de tomber dans la facilité, les dérives mercantiles, ou la romance d'une soit disant vie de gangsters de luxe. Les 4 incorruptibles MC restent fidèles à leur ligne, ce mélange de rap hardcore et conscient, d'engagement, de rue, ce qui donne un rap résolument ghetto, jamais clinquant, toujours incisif. Et c'est peut-être aussi là la limite de leur art. Puisque si les plumes sont toujours aiguisées et promptes à lâcher ces textes tortueux et sans concession dont ils ont le secret, il leur manque parfois la pointe de génie qui faisait tout le sel et l'originalité du premier album, et leur colère sans cesse renouvelée peut paraître un peu redondante par instants, on se dit alors qu'entre une indignation légitime et une rage gratuite il n'y a parfois que la finesse d'une formule bien placée. Pour ce qui est des choix musicaux, nous sommes ici plus proches de la voie amorcée par le deuxième album, à savoir des prods plus rèches, plus rugueuses, plus sombres, plus froide aussi, plus électro même que sur le premier album qui reste le meilleur des trois. Les beatmakers sont cette fois plus variés puisqu'aux côtés de Soul G, on note la présence aux machines de Demon, P.A.T., Laloo, mais l'absence de Kool M, présent lui sur les deux autres opus du groupe; et la deuxième collaboration de Serge Tayssot Gay (Noir Désir) sur "Je suis une bande ethnique à moi tout seul" Les flows d'Ekoué, Hamé, Le Bavar, et Mourad, sont égaux à eux même entre technique et passages plus "parlés", on remarque cependant que les mots se veulent plus lourds, plus menaçants, plus pesés encore que d'habitude comme sur le morceau d'ouverture "Il y a toujours un lendemain". Au niveau de la distribution des rôles, la même recette depuis le début, c'est à dire des morceaux collectifs à deux, trois ou quatre, et des morceaux solos comme le nocturne "Quand la lune tombe", d'Ekoué, un moment d'errance dans une nuit parisienne forcément hostile et glauque ou encore le beau et sombre "un chien dans la tête" d'Hamé sur une jolie prod de Soul G. et aussi "Nature Morte" par Le Bavar dont la thématique (passé colonial français et ses conséquences) fait écho à son "365 cicatrices" sur le premier album. "Du cour à l'outrage" est donc un album sombre, rageur, bien plus hardcore que certains albums qu'on affuble de cette étiquette censée faire vendre et faire vraie, mais vrais et intègres sont bien les quatre rappeurs de la Rumeur et même si cette dernière livraison n'est pas la plus indispensable en ce qu'elle n'amène rien de plus que les livraisons précédentes sur le fond, et est moins séduisante sur la forme, la Rumeur reste un groupe nécessaire dans un contexte ou la réalité sociale et économique se durcit, et où le rap, musique d'opposition par nature se noie bien souvent dans les bulles dorées d'un champagne un peu tiède.
    Gérôme / Moïse
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  • Le très bon maxi "Phase 3" a parfaitement rempli sa mission. Il a annoncé avec on ne peut plus d'exactitude le contenu et la nature du tout dernier album de l'irréprochable trio japonais Tha Blue Herb. L'essentiel de "Life Story" révèle en effet les mêmes compositions électroniques longues et hypnotiques que les deux titres du maxi, les mêmes scratches rares et discrets, le même quasi-spoken word, les mêmes thèmes rap traditionnels (ego-trip et affirmation de soi, éloge du clan et de l'amitié, défense du hip hop original), mais en version hallucinée, avec des airs d'écriture automatique. La formule se révèle certes moins tubesque que sur "Phase 3" ici, moins immédiate. Mais elle est toute aussi convaincante. Sur "Life Story", l'autre amour musical du rappeur Ill-Bosstino, celui qu'il entretient avec la deep house au sein de Tha Herbest Moon, est plus visible que jamais. Les longues compositions (de 4 à 8 minutes) sur lesquelles il s'exprime ont le flegme, les basses rondes et imperturbables, les motifs répétitifs et le groove triste de son autre genre de prédilection. Sauf qu'ici, c'est O.N.O. qui signe les beats, épaulé par les interventions éparses de DJ Dye. Et que, comme d'autres compères japonais, le producteur est toujours l'un des plus talentueux orfèvres qui soient et qu'il se montre capable de nous offrir ces nouvelles merveilles que sont ces "Supa Stupid" et "Tenderly" à la beauté mélancolique, ou bien encore ce "Motivation" enlevé, le dernier titre de l'album, le plus soutenu aussi, le plus efficace. Tha Blue Herb est un groupe majeur, l'un des rares, surtout dans le hip hop, capable de sortir à plusieurs reprises de longs disques impeccables. Le trio japonais prouve une fois pour toutes sa supériorité avec cet album qui réalise l'exploit d'être original et singulier tout en respectant l'essentiel du cahier des charges rap, jusqu'à se fendre de chœurs r'n'b sur "Such a Good Feeling". Le secret de sa réussite, le groupe l'expose en faisant part de sa vision du rap sur "The Suburbs of Hip Hop", quand, parmi des aphorismes façon "le rap est pour ceux qui savent faire face à la tristesse", il rappelle qu'il est tout autant profondément japonais que profondément hip hop. Qu'il est profondément personnel, et donc immanquablement bon.
    Sylvain Bertot
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    Après 3 albums et de nombreuses collaborations, entre autre avec 4 Hero, Ursula Rucker, l'artiste de Philadelphie, revient avec de nouvelles techniques, sur Ruckus Soundsysdom, qui ont fait sa légende dans le monde du Spoken Word. Le dernier album d’Ursula Rucker, Ruckus Soundsysdom, est un savant mélange d’observations du monde, de la société américaine et de confessions personnelles. Ursula Rucker nous y raconte son histoire, ses contradictions. Elle, une poétesse qui ne slamme pas, une catholique qui jure, nous encourage à nous accepter tels que nous sommes, à accepter chaque trait de notre personnalité. Ursula Rucker Ursula Rucker Sur la chanson Read Between Lines, Ursula s’en prend aux labels qui condamnent ses contradictions, et se moque même de l’auto-tune ou des morceaux chopped and screwed omniprésent en ce moment. Mais son album Ruckus Soundsysdom n’est pas seulement une critique de la société, comme on peut l’entendre sur la chanson Ever Heard of It, Ursula Rucker nous parle de sa vérité, ou encore avec la chanson Thinkin ‘Bout U. Ursula Rucker Ursula Rucker Cet album est aussi d’une fluidité extrème entre les passages hip hop, R&B ou poétiques, au travers desquels Ursula Rucker créée son propre chemin, et on est pret à la suivre aveuglément…
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