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    La salle est comble. La visibilité est altérée par les volubes des cigares, mais, en s'approchant un peu, on commence à distinguer les visages.

    Louis Armstrong est là, attablé près de la scène, le sourire aux lèvres. John Coltrane lui narre sa glorieuse escapade à Philly. Miles Davis et Marcus Miller cherchent ensembles les raisons de la relative imperfection de Tutu. Ela Fitzgerald chantonne "Fever" à Charlie Parker, qui en a presque les larmes aux yeux. Les doigts d'Herbie Hancock parcourent frénétiquement le bar. L'attente est longue. Des heures. Des jours. Des années.

    Des années que cette constellation d'étoiles cuivrées, de légendes jazzy, attend patiemment de voir ce que la nouvelle génération peut vraiment faire de bon avec la musique qu'elle affectionne. Tous sont là ce soir, venus de très loin, voire de très haut, et n'attendent plus que la confirmation, le lever de rideau.

    Le moment arrive enfin. Les lumières se tamisent, un silence de cathédrale plane au-dessus de la scéne. Un jeune homme d'origine asiatique entre en scène. Kero One semble intimidé face à une telle audience. Le suit un quintet, puis, juste derrière, un DJ. Charlie Mingus crie au scandale, vite rassuré par Roy Hargrove, qui l'assure de la normalité de la situation. Le concert peut alors commencer. A peine l'intro entamée, Kenny Burrell est le premier à applaudir, savourant l'harmonieuse boucle de guitare, qu'il n'aurait pas reniée. C'est ensuite Courtney Pine qui se voit bluffé par le groove de Give Thanks, la maitrise du saxophoniste alto, ainsi que la qualité des scratches, dont il a toujours été friand.

    Puis les morceaux s'enchainent, les applaudissements se faisant de plus en plus fournis à chaque interlude. Interpelée par la fluidité du flow de Kero sur My Story, Nina Simone demande à Erick Truffaz s'il s'agit de scat. Ce dernier lui répond que c'est du rap, mais qu'au fond, ca n'est pas si éloigné. Jaco Pastorious et André Cecarelli acclament à l'unisson la superbe section rythmique de Tempted, groovy à souhait, puis c'est au tour Michel Petrucciani de s'extasier face à la fluidité dont fait preuve le pianiste sur In all the Wrong Places.

    Magik Malik apprécie à sa juste valeur la flute traversière qui parcourt The Cycle Repeats, et s'imagine déjà un featuring avec Kero sur un de ses projets à venir. C'est alors que Stanley Clarke se lève pour saluer l'ecellence de la ligne de basse entendue en intro de la pépite Fly away, bientot rejoint dans son initiative par le reste de la salle, dont un Nat King Cole et un Ray Charles plus que séduits par le doux refrain chanté. Le public de connaiseurs est conquis. C'est le moment que choisit Kero One pour asséner le coup de grâce avec l'excellent et très rythmé Check the Blueprints. Joséphine Baker ne peut alors s'empécher de danser, Tito Puente de marquer le rythme, et Wynton Marsalis de rejoindre l'artiste sur scéne, pour un boeuf mémorable.

    Après une heure de représentation, le rideau se clôt, au grand désespoir des convives d'un soir. Tous en ont désormais la certitude : des artiste comme Kero One permettent et permettront au jazz de prospérer, d'évoluer, de s'inspirer d'autres sonorités pour ne jamais cesser d'exister. Et, d'un seul élan, tous se dirigent vers les coulisses, afin de féliciter l'artiste, avec la conviction de pouvoir repartir en paix.
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  • Onra - War
    envoyé par bbpradi0

    Après écoute et réécoute du projet d’ONRA, beatmaker parisien assez discret, voici ma petit commentaire sur son disque : Chinoiseries.
    Avant tout, j’avais déjà souligné le coup de cœur que j’avais eu, il y a quelque jours, lorsque j’avais eu entre les mains le disque promo agrémenté d’un packaging digne d’un Dvd collector ou série limitée de grands distributeurs de film. C'est-à-dire un sac en papier, des baguettes chinoises, une serviette et la boîte en plastique comme n’importe quel traiteur asiatique.

    [Cela change des cd gravés où est écrit avec un stylo feutre le nom de l’artiste et le titre du projet, accompagné d’une bio peu vendeuse car écrite à la va-vite.]

      Autant vous dire que le contenu est aussi bon (délicieux lol) que le contenant !

      Dès les premiers morceaux, on entre directement dans l’univers artistique du projet grâce à des productions musicales entraînantes et travaillées tant au niveau de la musicalité que des sonorités.

    Toute la composition musicale étant réalisée avec des samples de musique asiatique. on comprend tout de suite mieux le concept de Chinoiserie.

      D’ailleurs comme sa bio le souligne « Chinoiseries est un projet élaboré depuis Août 2006, date à laquelle Onra est revenu de son premier voyage au Vietnam, le pays de ses origines, avec une valise pleine de vinyles de musique asiatique » ou il s’est senti « comme un explorateur en train de chercher un trésor oublié ».

      Les samples de musiques traditionnelles sont omniprésent et donne l’impression de traversée les lointaines contrées du Vietnam et de la Chine des années 60/70.

      Je précise tout de même que les rappeurs en manque d’instrumentales doivent passer leurs chemins ou alors faire la démarche de contacter le beatmaker pour obtenir des productions musicales dans cette même mouvance, car Onra nous propose, un univers musical propre. Par conséquent, le disque s’écoute plus sur une platine de salon, en musique de fond, que dans poste cd de voiture, pousser au maximum de ces décibels. [Quoique faudrait essayer quand même]

      C’est d’ailleurs pour çà que Radio Nova [101.5 FM, pour ceux qui ne connaissent pas encore], la radio numéro 1 de tous les bureaux d’études en urbanisme, architecture, paysagisme… aime et le fait savoir avec son partenariat. Cela ne laisse présager que du bon lors de sa sortie… surtout que tous les bénéfices seront reversés à un orphelinat au Vietnam

      Au final, excepté 3 ou 4 tracks que je n’ai pas apprécié, sur un total de 32 tout de même, c’est pour moi un excellent disque qui vous fera voyager tout le long de l’écoute en Asie.

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    by Hip-Hop Revol

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  • Après avoir convié l’an dernier à leur premier festin jazz/hip-hop la crème la plus coulante des rappeurs East Coast (notamment le vieux briscard Buckshot des Black Moon et Boot Camp Clik, plus actif que jamais ces dernières années aux côtés de 9th Wonder ou KRS-One) et West Coast (au premier rang desquels Fatlip, parangon d’élégance et figure tutélaire du temps des séminaux The Pharcyde) en Clin d’oeil à l’époque bénie des Tribe Called Quest et autres Digable Planets, les trois têtes pensantes du collectif Jazz Liberatorz remettront le couvert dès lundi, dix ans après leurs débuts, avec un nouvel opus intitulé Fruit Of The Past.

    "What’s next on the menu ?" interroge l’un des nombreux instrumentaux que nous promet un tracklisting gargantuesque comprenant pas moins de 26 morceaux. Eh bien outre Fatlip et T-Love qui rempilent avec également le pianiste Olivier Emsellem (aka M’Selem) et le flûtiste Rico, on retrouvera cette fois au générique Wildchild, Aloe Blacc du label Stones Throw (ici au sein du tandem Emanon) et surtout... Mos Def (sur la photo avec DJ Damage, Dusty et Madhi), sans conteste LA star de ce deuxième album dont on peut d’ores et déjà entendre le flow unique sur un court passage du très prometteur Mountain Sunlight en écoute sur la page myspace du label Kif Records, tandis que Declaime assure sur l’extrait de Music Makes The World Go Round remixé par le nantais 20syl.

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    by Blaks Lair


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  • http://www.d2kabal.com
    http://www.myspace.com/kabal93





    Chronique : http://www.acontresens.com

    Mettre à mal tout en les affirmant les certitudes de l'écriture, de la musique, du militantisme et des "diagnostics" : voilà la réussite splendide de Kabal. Car du son Hostile le plus sauvage à l'évanescence quasi-totale du Dormeur du val, le doute n'a jamais côtoyé de si près la violence et le combat. Et il fallait pour cela les éclats magistraux des productions et des scratchs de Toty, la voix tonitruante mais inquiète de D', et les envols schizophréniques de Djamal, parfois rejoints par les faufilements de Boss Raw : une forme qui épouse à merveille un contenu riche, complexe, obsédant.

    C'est le caractère offensif, incisif, souvent violent voire déjanté qui frappe à chaque écoute des brûlots pamphlétaires, jamais didactiques, toujours intelligents et sanguinaires de Kabal. On y entend une fiction paranoïaque et menaçante de fous furieux, on y jette un Apache déchaîné dans une foule bruyante et hostile de "morts-vivants", appelant à la prise en main, à la tolérance, à l'organisation et à l'esprit ; on y décrit les avancées d'une armée impitoyable sous les pleurs et les rafales effrayantes de la guitare de Marc Ducret (L.U.I), ou on y entreprend une remontée analytique du ruisseau pourri que consituent nos villes. Kabal pointe d'un doigt sombre, sans pitié mais poétique, les vices et dérives d'un monde et de ses composantes, de la graine à l'ogive, des douves au donjon. Et c'est peut-être là un des remèdes...

    Descends pas à pas les marches de l'échafaud...

    Tant à dire, à affirmer, à combattre ou à promouvoir qu'on s'y perdrait... Mais en exprimer une partie, c'est peut-être déjà descendre, lentement mais sûrement, et s'éloigner du bourreau. Mais la descente est limitée. Elle bute nécessairement :

    Quelque part se dresse une frontière
    Au delà de laquelle les mots qui nous curent
    Font pâles figures d'œillères...


    Un pan entier des Etats d'âmes se heurte ainsi au délicat dilemme de l'écriture, de son poids et de sa trajectoire, de ses buts et de ses possibles. Et c'est alors que le texte se fait le plus opaque et complexe, et sans doute le plus passionnant. Quand D' prône l'abstention au profit des sensations, il passe de l'autre côté de la Frontière... et assène avec Djamal ses troubles sur une magnifique production de Doctor L, dans Le dormeur du val, où le soldat mort de Rimbaud devient le musicien, le militant éprouvé face à ce qu'il perçoit en bout de course comme des leurres, à n'en plus vivre, pris de fatigue :

    Dès le début, j'ai senti qu'il y avait maldonne
    Chaque jour qui s'achève ajoute au moins une tonne à mon fardeau
    Mon sac est lourd de maux...


    Et c'est là que les simples mots cèdent la place à l'émotion et à la sensation ; et c'est là que l'écriture atteint sa limite, sa frontière. Mais une frontière ouverte, créatrice, où les lettres et les hommes ne baissent jamais les bras face au fatalisme noir, qui hante sans jamais les envahir les chansons belles et puissantes de Kabal.

    Fixés sur le ciel, nos regards demeurent même si ils saignent
    A tous les p'tits frères, sœurs dans leur misère... chacun la sienne !
    Puisse-t-elle être éphémère...


    PJ
    20.04.2002

    Discographie

    Autopsie d'une Sous-France (2008)
    Nouvel album de D' en téléchargement Gratuit !!


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  • Oxmo Puccino - L'arme de paix (teaser)
    envoyé par CInq7


    Critique d' Oxmo - L'armes de paix

    Article & Download :

    Oxmo Puccino (14/12/2007 publié dans : Rap Fusion )
    Bon ben voila, encore une fois j'ai pas pu m'empêcher ... Par contre cette fois ci je vous préviens c'est du lourd, de l'énorme même !!!  Oxmo Puccino de son vrai nom Abdoulaye Diarra (né en 1974 au Mali) arrive à Paris en 1975, et atterrit dans le 19è arrondissement de Paris à ...

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