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    Non contents de mélanger deux genres majeurs des musiques populaires avec leur jolie pop électronique, les gens de l'entourage Morr Music s'intéressent depuis un petit bout de temps à un troisième, le rap. Jusqu'ici, c'est plutôt vers le hip hop déjà franchement métissé d'Anticon que ces gens penchaient, si l'on cite Populous par exemple. Mais le Belge Arne Van Petegem, lui, est allé se trouver un ami du côté de Five Deez, ce duo de rap à peine intéressant, plutôt que chez Sole et sa bande, pour un résultat d'ailleurs assez probant. Naturellement, cette démarche crossover évoque le projet 13 & God. Mais les deux disques sont fondamentalement différents. Le premier cherchait à mixer les trois genres pour en inventer un autre. Sur le présent disque, en revanche, les influences ne se mélangent pas vraiment, elles ne s'interpénètrent pas. Il y avait le quatre-quarts, voici maintenant le trois-tiers. Sur "The Same Channel", chaque genre joue sa partition. Le rap est classique et franc, l'électronique est sautillante et la mélodie accrocheuse. Cependant, cela n'empêche pas une certaine alchimie, ici ou là. Quand Styrofoam fait preuve d'efficacité pop avec ses sons électroniques souvent rétro ("Scream It Out") et son chant effacé parfois passé au vocoder, les paroles de Fat Jon l'appuient avec bonheur. Elles ne sont là qu'en sus, en renfort, mais cela suffit à engendrer quelques réussites, comme l'entraînant "Acid Rain Robot Repair" en introduction ou comme le long, lancinant et mélancolique "The Middle". Sur la longueur, il est vrai, "The Same Channel" ne démentira pas ceux qui considèrent que les albums délicats sortis chez Morr sont peu marquants, qu'ils sont aussi inconséquents que jolis. Mais la joliesse, c'est déjà une qualité, et une qualité qui n'est pas partagée par tous, surtout en matière de crossover pop et rap.
    Sylvain Bertot
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  • C'est le premier album du groupe Tha Blue Herb composé de DJ O.N.O. et de Ill-Bosstino a.k.a. Boss the MC. Caractérisée par une ambiance sombre, parfois oppressante, parfois plus chaleureuse, je dirais que la cover représente assez bien le CD. Le MC a un flow très spéciale alors je doute que ça plaira a tout le monde mais qui en tout cas renforce encore l'atmosphère qui rend ce skeud vraiment unique.
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    Une alliance entre Circus et Andre Afram Asmar ? Franchement, d'autres s'effraieraient pour moins.

    Vous tremblez, vous imaginez déjà les raps interminables et même pas virtuoses du premier sur les bidouillages world du second, et vous avez raison. Car c'est exactement le programme proposé par les deux énergumènes sur cet album commun. Gawd Bless The Faceless Cowards est la fusion complète des albums les plus récents des deux instigateurs, le tout aussi excellent qu'épuisant Gangstahz fo Gawd et le problématique Race to the Bottom. Sur ce nouveau disque, Circus se livre à son numéro habituel, il déclame à n'en plus finir ses histoires d'extra-terrestres ras les pâquerettes, il extrapole sur Dieu, les Pyramides et l'origine de l'Homme, il joue à merveille son numéro de nigaud obèse américain obnubilé par les thèses conspirationnistes, tandis qu’Asmar ressort sa batterie de cuisine faite de sons bizarres, de percussions exotiques et d'échos dub. Et les deux, bien entendu, se retrouvent quand il est question d’étriper le méchant habituel, George Bush.

    Présenté comme ça, ça fait peur, hein ? Pourtant c'est bien. Allez savoir pourquoi. Les pitreries et les litanies de Circus ont quelque chose de fascinant et d’addictif. Et ça, les fans des Shapeshifters le savent déjà, même s’ils ont renoncé depuis longtemps à l’expliquer. Qui plus est, Asmar ne gâche pas la partie. D’abord il se fait oublier, puis peu à peu ses sons s’imposent, avec une force qu’on ne lui connaissait pas, jusqu’aux quatre titres finaux. Sur "Club Lights" Circus n'aime pas le papa de sa copine ; sur "Sir Romancealot" il se montre en amoureux transi ; sur "Smell of Ro$e$" il redevient politique ; "Redeemer" est une sorte de freestyle qui condense tout ce dont le Shapeshifter en chef est capable, avec des sorties genre "'motherfucker' seems to be the only word that motherfuckers understand these days". Et chaque fois, sans se départir de ses recettes habituelles, flûtes folles, synthés, ouds, gamelans ou instruments approchants, Asmar livre la composition de circonstance. Avant l’écoute, pendant l’écoute, ce disque fait peur. Mais il sait préserver le meilleur pour la fin. Il sourira aux persévérants.
    Sylvain
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    La salle est comble. La visibilité est altérée par les volubes des cigares, mais, en s'approchant un peu, on commence à distinguer les visages.

    Louis Armstrong est là, attablé près de la scène, le sourire aux lèvres. John Coltrane lui narre sa glorieuse escapade à Philly. Miles Davis et Marcus Miller cherchent ensembles les raisons de la relative imperfection de Tutu. Ela Fitzgerald chantonne "Fever" à Charlie Parker, qui en a presque les larmes aux yeux. Les doigts d'Herbie Hancock parcourent frénétiquement le bar. L'attente est longue. Des heures. Des jours. Des années.

    Des années que cette constellation d'étoiles cuivrées, de légendes jazzy, attend patiemment de voir ce que la nouvelle génération peut vraiment faire de bon avec la musique qu'elle affectionne. Tous sont là ce soir, venus de très loin, voire de très haut, et n'attendent plus que la confirmation, le lever de rideau.

    Le moment arrive enfin. Les lumières se tamisent, un silence de cathédrale plane au-dessus de la scéne. Un jeune homme d'origine asiatique entre en scène. Kero One semble intimidé face à une telle audience. Le suit un quintet, puis, juste derrière, un DJ. Charlie Mingus crie au scandale, vite rassuré par Roy Hargrove, qui l'assure de la normalité de la situation. Le concert peut alors commencer. A peine l'intro entamée, Kenny Burrell est le premier à applaudir, savourant l'harmonieuse boucle de guitare, qu'il n'aurait pas reniée. C'est ensuite Courtney Pine qui se voit bluffé par le groove de Give Thanks, la maitrise du saxophoniste alto, ainsi que la qualité des scratches, dont il a toujours été friand.

    Puis les morceaux s'enchainent, les applaudissements se faisant de plus en plus fournis à chaque interlude. Interpelée par la fluidité du flow de Kero sur My Story, Nina Simone demande à Erick Truffaz s'il s'agit de scat. Ce dernier lui répond que c'est du rap, mais qu'au fond, ca n'est pas si éloigné. Jaco Pastorious et André Cecarelli acclament à l'unisson la superbe section rythmique de Tempted, groovy à souhait, puis c'est au tour Michel Petrucciani de s'extasier face à la fluidité dont fait preuve le pianiste sur In all the Wrong Places.

    Magik Malik apprécie à sa juste valeur la flute traversière qui parcourt The Cycle Repeats, et s'imagine déjà un featuring avec Kero sur un de ses projets à venir. C'est alors que Stanley Clarke se lève pour saluer l'ecellence de la ligne de basse entendue en intro de la pépite Fly away, bientot rejoint dans son initiative par le reste de la salle, dont un Nat King Cole et un Ray Charles plus que séduits par le doux refrain chanté. Le public de connaiseurs est conquis. C'est le moment que choisit Kero One pour asséner le coup de grâce avec l'excellent et très rythmé Check the Blueprints. Joséphine Baker ne peut alors s'empécher de danser, Tito Puente de marquer le rythme, et Wynton Marsalis de rejoindre l'artiste sur scéne, pour un boeuf mémorable.

    Après une heure de représentation, le rideau se clôt, au grand désespoir des convives d'un soir. Tous en ont désormais la certitude : des artiste comme Kero One permettent et permettront au jazz de prospérer, d'évoluer, de s'inspirer d'autres sonorités pour ne jamais cesser d'exister. Et, d'un seul élan, tous se dirigent vers les coulisses, afin de féliciter l'artiste, avec la conviction de pouvoir repartir en paix.
    -Mano-permalink
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  • Onra - War
    envoyé par bbpradi0

    Après écoute et réécoute du projet d’ONRA, beatmaker parisien assez discret, voici ma petit commentaire sur son disque : Chinoiseries.
    Avant tout, j’avais déjà souligné le coup de cœur que j’avais eu, il y a quelque jours, lorsque j’avais eu entre les mains le disque promo agrémenté d’un packaging digne d’un Dvd collector ou série limitée de grands distributeurs de film. C'est-à-dire un sac en papier, des baguettes chinoises, une serviette et la boîte en plastique comme n’importe quel traiteur asiatique.

    [Cela change des cd gravés où est écrit avec un stylo feutre le nom de l’artiste et le titre du projet, accompagné d’une bio peu vendeuse car écrite à la va-vite.]

      Autant vous dire que le contenu est aussi bon (délicieux lol) que le contenant !

      Dès les premiers morceaux, on entre directement dans l’univers artistique du projet grâce à des productions musicales entraînantes et travaillées tant au niveau de la musicalité que des sonorités.

    Toute la composition musicale étant réalisée avec des samples de musique asiatique. on comprend tout de suite mieux le concept de Chinoiserie.

      D’ailleurs comme sa bio le souligne « Chinoiseries est un projet élaboré depuis Août 2006, date à laquelle Onra est revenu de son premier voyage au Vietnam, le pays de ses origines, avec une valise pleine de vinyles de musique asiatique » ou il s’est senti « comme un explorateur en train de chercher un trésor oublié ».

      Les samples de musiques traditionnelles sont omniprésent et donne l’impression de traversée les lointaines contrées du Vietnam et de la Chine des années 60/70.

      Je précise tout de même que les rappeurs en manque d’instrumentales doivent passer leurs chemins ou alors faire la démarche de contacter le beatmaker pour obtenir des productions musicales dans cette même mouvance, car Onra nous propose, un univers musical propre. Par conséquent, le disque s’écoute plus sur une platine de salon, en musique de fond, que dans poste cd de voiture, pousser au maximum de ces décibels. [Quoique faudrait essayer quand même]

      C’est d’ailleurs pour çà que Radio Nova [101.5 FM, pour ceux qui ne connaissent pas encore], la radio numéro 1 de tous les bureaux d’études en urbanisme, architecture, paysagisme… aime et le fait savoir avec son partenariat. Cela ne laisse présager que du bon lors de sa sortie… surtout que tous les bénéfices seront reversés à un orphelinat au Vietnam

      Au final, excepté 3 ou 4 tracks que je n’ai pas apprécié, sur un total de 32 tout de même, c’est pour moi un excellent disque qui vous fera voyager tout le long de l’écoute en Asie.

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    by Hip-Hop Revol

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