Alice Russell n’aurait probablement pas annulé son passage à Rock en Seine si on lui avait proposé de dérouler le tapis rouge de la soul. Après deux albums et une collection de featurings, elle
s’offre une cure de remixes de son dernier album, preuve indiscutable de son succès et de son talent : une relecture doublée un glissement musical et sémantique. Dans la sphère électronique, un
remix fonctionne comme une reprise et souffre des mêmes canons : on trouve de tout, de la redite presque identique à l’original – un beat léger en renfort de pulsation-, de l’exercice de style –
plus soul que soul- , de la déconstruction pure et simple et des coups de poker, soit une palette qui va du très respectueux au franchement iconoclaste. Bien garni, le double album de remixes
d’Alice Russell n’échappe à aucun des points précédents, et trahit la fertilité et certainement aussi le désarroi des bidouilleurs : comment utiliser au mieux la voix de la diva soul sans se
perdre, sans trop en faire ? Il y a dans les copies rendues la même déferlante de réponses qu’un jour de bac et les mêmes questions existentielles qui surnagent. Etre ou ne pas (en) être. Difficile
de ne pas trouver son compte dans certaines relectures quand d’autres exaspèrent d’entrée, affaire de goût et de toucher, mais l’entreprise révèle un écueil incontournable : autant l’album original
gardait toute sa cohérence, autant celui-ci part –logiquement- dans tous les sens. Une tendance à la schizophrénie (du lounge au technoïde) qui peut se révéler dérangeante. Pour rester dans
l’esprit des frondeurs, l’idéal sera donc de faire son propre remix de l’album de remixes en n’en gardant que le meilleur.
par Stéphane Andrieu
permalink
Note :